Il n'y a pas une méthode « officielle » ou standard en Aikido, la pratique se décline en différentes formes de travail, différentes méthodes. L'ensemble de ce travail, c'est Keïko, l'entrainement.
En japonais, Keïko devient Geïko en forme conjuguée. Par exemple la pratique c'est Keïko, une pratique souple sera Ju Geïko.
GO NO GEIKO, entraînement statique, où on laisse le partenaire saisir fermement. Ce travail renforce les muscles, tous les segments du corps sont placés dans le même sens c'est GO TAÏ.
Dans la situation JU NO GEIKO, l'entraînement est souple, la technique débute juste avant que la saisie ne soit ferme. Ce travail favorise la fluidité, le corps doit être souple (JU TAÏ), disponible : littéralement EKI TAÏ signifie "(Corps) fluide, liquide".
Deviner quelle va être l'attaque, anticiper, ne pas laisser l'initiative au partenaire est la troisième forme de travail :
RYU NO GEIKO, c'est KI TAÏ littéralement "Corps gazeux".
Hitori-Geiko C’est travailler tout seul. Quand on est seul, il suffit de disposer d’un peu de temps et d’espace. Il est possible de pratiquer des exercices respiratoires, liés aux mouvements de l’aïkido, des suburi, tanren-uchi. En, forêt, on pourra se servir des arbres comme partenaire. Faites vos propres expériences …
Ippan-Geiko C’est la pratique ordinaire au dojo. L’enseignant propose un modèle et les pratiquants les répètent à l’envie. La forme d'entraînement (KEIKO HO) la plus usité dans le dojo est IPPAN GEIKO : Chaque partenaire effectue la technique demandée, à droite et gauche, en règle générale par série de quatre.
Futsu-Geiko Les pratiquants tous niveaux répètent alternativement la technique proposée par l’enseignant, une fois chacun, à tour de rôle.
Uchikomi-Geiko C’est répéter l’entrée d’une technique sans aller jusqu’à la projection. C’est une manière de pratiquer avec un partenaire plus avancé ou un enseignant. Prenons par exemple ryotedori tenchi nage ou la manière de se placer pour exécuter un koshi nage. L’élève engagera cette technique en l’interrompant à la limite de la chute et la répètera à droite et à gauche, sans interruption jusqu’à en perdre le souffle. Le rôle de l’enseignant est alors de permettre à l’élève de s’assouplir et de développer la précision et la vitesse de ses mouvements. Cette méthode présente les avantages suivants : • elle aide à progresser techniquement • elle améliore la qualité des mouvements du corps • elle améliore l’équilibre • elle stabilise le ki dans le seika tanden • elle développe le kokyu ryoku.
Hikitate-Geiko Autre forme d’entraînement par laquelle les plus gradés font progresser les moins gradés. Lorsque le pratiquant le moins gradé exerce une force inutile et désordonnée, le pratiquant le plus avancé, sans bloquer, annulera les effets de cette force et ne s’obligera pas à chuter. Cette méthode vise à corriger les erreurs et les points faibles avec bienveillance. Lorsque l’exécution du mouvement est satisfaisante, il faut chuter simplement, de manière à permettre une bonne extension et une bonne relaxation dans le travail et en éprouver du plaisir. Si vous chutez bien, vous créez la condition d’une meilleure compréhension et favorisez ainsi l’épanouissement technique de votre partenaire. Il ne faut en aucun cas pratiquer avec un moins gradé en l’écrasant de votre force ou de vos connaissances au risque de tuer en lui les germes du progrès. Élèves et kohaï sont notre propre miroir. Tous nos défauts et nos points faibles se retrouvent en leurs mouvements. Il faut donc apporter la plus grande attention à corriger soi-même. Les élèves moins gradés doivent accepter simplement les conseils des plus gradés afin de corriger leur pratique et de s’améliorer. La responsabilité du sempaï ou de l’enseignant est d’amener les débutants à une attitude d’ouverture de l’esprit et non à une attitude critique a priori.
Gokaku-Geiko Cette forme se pratique entre gens de capacité technique et physique équivalente. Il faut prendre garde à éviter la complaisance mutuelle, la frivolité ou le blocage systématique. On étudiera de préférence des techniques peu enseignées, difficiles et, bien entendu, toutes celles qui posent des problèmes d’exécution.
Kakari-Geiko Des pratiquants de même niveau attaquent successivement et sans interruption un seul pratiquant qui répète la technique à l’étude. Comme les uke sont nombreux, ils se fatiguent moins ce qui ajoute aux avantages de l’uchikomi-geiko : • développemnt de kiryoku (puissance de la volonté) • bon exercice de perception visuelle • développement des sensations.
Jyu-Geiko Comme son nom l’indique, jyu-geiko (jyu = liberté) veut dire pratiquer librement : choisir le thème de son étude, travailler et étudier. Jyu-waza signifie technique libre; on cherche alors la forme technique qui répond au mieux à une attaque ou même, la rend impossible. Ce mode d’entraînement privilégie la liberté de déplacement. La confusion entre jyugeiko et jyu-waza est courante mais il est souhaitable de bien les distinguer.
Mitori-Geiko Il arrive que l’on soit physiquement empêché de pratiquer ce qui ne revient pas à dire qu’il est impossible de travailler. On peut profiter de ces moments-là pour étudier, en regardant le cours, l’aspect physique et mental des techniques. Il faut profiter du recul dû à sa position d’observateur pour saisir ce qui est difficile à appréhender quand on est physiquement impliqué.
Yagai-Geiko L’entraînement au dojo se fait en imaginant une situation réelle mais le dojo a ses limites. Il est donc utile de sortir de ce cadre pour pratiquer à l’extérieur et habituer l’oeil, les pieds, les mains et le corps à un espace différent. Il est sans doute superflu de préciser que la nature, au contraire des tatamis, présente des irrégularités. Il y a des creux et des bosses, certains sols glissent plus que d’autres comme la boue ou la glace, d’autres encore comme le sable mouillé ou la glaise, collent aux pieds. L’herbe épaisse peut dissimuler des obstacles. Il faut se méfier de sols durs comme le rocher, le béton ou la pierraille anguleuse sur lesquels il est facile de se blesser. Il faudra donc s’attacher à adapter sa marche en faisant des petits pas et en glissant les pieds avec légèreté. Le sens de la pente, l’orientation du soleil, la direction du vent, l’ombre et la lumière, l’obscurité, la végétation environnante, les arbres, les branches, les fourrés sont autant d’éléments à prendre en compte pour déterminer le choix d’une position avantageuse par rapport à l’adversaire. Pour ne prendre que l’exemple des ukemi, il faut réfléchir et expérimenter pour les adapter au travail à l’extérieur. Le choix des armes devra être adapté à l’environnement et il faut s’exercer à sentir les critères qui guideront ce choix. C’est pourquoi, si l’on dispose du temps ou de l’espace nécessaire, il est souhaitable de s’entraîner dans la nature où, à la différence du dojo, au milieu d’un espace libre, on respire un air pur et frais dans la lumière du soleil. Un tel exercice est agréable et bon pour le corps. On s’imprègne alors du ki du ciel et de la terre ce qui permet une pratique ample et détendue. Que l’on s’entraîne dans une belle futaie et le voisinage de beaux et grands arbres nous serons emplis d’un ki vigoureux ! La nature fournit de multiples occasions de travailler seul : suburi de ken ou de jo, tanren uchi… On peut aussi y pratiquer les kumitachi plus librement qu’à l’intérieur d’un dojo. Il existe aussi un entraînement de nuit, dans la nature, à la pleine comme à la nouvelle lune. Rappelons que le Bugei ju happan (les dix-huit branches de l’art de la guerre) comprenait également la natation ce qui permet de concevoir des variations sur l’entraînement en milieu aquatique…
Pour finir, ajoutons que la pratique varie suivant les saisons. On fortifie le corps et l’esprit au plus chaud de l’été (shochu-geiko) ou au plus froid de l’hiver (kan-geiko).
Etsunen-geiko est l’exercice qui se pratique lors de la période qui marque le passage de l’année. Mettant à profit les périodes de vacances, on vit en commun lors des gasshuku-geiko.